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Michel-Ange, Ignudo 01

Tuesday, February 23, 2016

J'ai laissé temporairement la copie de l'ignudo de Michel-Ange de l'article précédent et ai entrepris d'imaginer quelle aurait pu être l'étude faite par Michel-Ange de celui-ci (la première photo est prise avant la restauration de la voûte de la chapelle Sixtine) :



J'ai retravaillé la silhouette, l’attitude. Je voulais un personnage moins lascif, plus viril.

J'ai gardé de l'attitude ce qui me plaisait et ai changé ce que je n'aimais pas.

J'ai beaucoup travaillé de mémoire et en m'inspirant de plusieurs photos dont aucune, bien entendu ne correspondait à la position du personnage.

Travailler de mémoire, comme le faisait les maîtres de la renaissance et en particulier Michel-Ange donne au dessin un je ne sais quoi de naïf, de juste ce qu'il faut de maladresse.

Tatonner pour retrouver la structure du corps humain de mémoire, l'attitude qu'on a en tête, donne au personnage ce qu'il faut de gauche et de maladroit pour rendre le travail sincère, authentique. Retrouver cette fraîcheur des dessins de la renaissance, du Quattrocento. La maladresse, l’approximation de la posture, sont compensées par la maîtrise du traitement quand vous avez une certaine expérience du dessin.

C'est cette opposition entre des postures improbables, approximatives, et un traitement maîtrisé qui donne tout leur génie aux dessins anciens et en particuliers aux esquisses et aux études de Michel-Ange.



J'ai continué à travailler le dessin en essayant d'obtenir un traitement plus conforme à celui de Michel-Ange :
  • plus de détails,
  • contrastes plus forts,
  • opposition franche entre une partie dans l'ombre et une partie éclairée.


J'ai obtenu le dessin suivant.
J'ai eu le malheur de modifier l'attitude, et, si le traitement du dessin me plait, j'ai complètement perdu ce qui faisait l'attrait de la première esquisse.
Dans cette version du dessin, je trouve la posture moins intéressante. La torsion du buste a pratiquement disparu et la courbure du buste s'est accentuée. La position du personnage est trop banale. En outre, l'attitude est fatiguée : si, dans la première esquisse, il y avait de la force teintée d'une certaine rêverie, ici il y a trop de mélancolie.

Comme je prévoyais cet incident, heureusement, j'avais pris le soin de faire un scan de la première esquisse, ce qui m'a permis de la mettre en ligne et de garder une trace du premier travail...


Finalement, j'ai recommencé un nouveau dessin. J'ai repris le scan de ma première esquisse pour retrouver cette attitude qui me plaisait tant.
J'ai retravaillé le traitement comme je le voulais au départ, en essayant de me rapprocher au maximum de la technique de Michel-Ange qui donne à son dessin ce aspect à la fois audacieux, vigoureux d'une part, soigné et précis d'autre part, et qui rendent les dessins du maître reconnaissables au premier coup d’œil.

J'ai changé l'orientation de la tête pour donner au personnage une attitude plus virile, plus déterminée. Cependant, j'ai pris soin de garder du visage l’apparence juvénile, angélique, ce côté "poupon" que l'on retrouve dans tous les visages des Ignudi de la chapelle Sixtine.

Pour obtenir un rendu qui se rapproche de celui de Michel-Ange je me suis beaucoup inspiré de son esquisse pour la création d'Adam de la chapelle Sixtine.