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Nus et Danse

Saturday, October 4, 2014

Exposé d'une démarche artistique...


Ceci est une des toiles du travail commencé sur le thème "Nus et danse".


Cet article est un prétexte pour montrer tout un tas de travaux plus ou moins achevés qui ont conduit à ce travail sur toiles à la peinture à l'huile...

Esquisses, études, etc...

Une espèce de journal d'artiste qui montre comment les tâtonnements, les allers et retours, les essais erreurs finissent par mener à un travail cadré...




Tout commence en 2010 (je n'avais pas dessiné depuis 4 ans). Une amie qui étudiait les arts plastiques dans un des Cegep de Montréal et me montre cette photo dans un livre de nus masculins.

J'ai été fasciné par la posture, la beauté du corps du modèle, le fait que le mouvement soit parfaitement saisi sans que le modèle soit flou.

L'homme paraît être en suspension, les cheveux flottent dans les airs...

Le dessin a été réalisé avec trois crayons : sanguine, sépia, pierre noire.

Il a été reproduit à partir de la photo en utilisant la technique des carreaux comme le faisaient déjà les artistes à partir de la renaissance.

Ensuite je suis parti une semaine à Cuba où j'ai pratiqué les danses afro cubaines comme le Guaguanco, le Yoruba et c'est en revenant que j'ai eu l'idée de faire une expo sur le thème du corps nu ou partiellement dénudé du danseur.

La danse est certainement l'exercice physique qui donne les corps les plus beaux. De plus les postures de danse sont souvent originales, placent le corps dans des positions inattendues. Tout ceci est propice à de beaux dessins ou de belles toiles...
L'idée était là, l'idée avait germée...


J'ai donc commencé à rechercher des modèles et j'ai visionné des vidéos de danses cubaines sur Youtube et fait des arrêts sur image pour m'en inspirer.

Je me suis vite rendu compte, comme pour cette image de Barbara Gimenez en train de danser le Guaguanco que l'arrêt sur image était trop flou pour en faire un travail précis, et que j'allais devoir extrapoler les muscles...

Sur ce dessin, j'ai essayé tant bien que mal "d'inventer" la musculature de l'épaule, mais j'ai dû me rendre à cette évidence :
Il allait falloir que j'apprenne l'anatomie artistique....

Comme je voulais finir ce dessin, je me suis d'abord consacré à l'étude du dos humain...

J'ai trouvé un super livre d'anatomie artistique qui passait en revue la façon dont les maîtres (Raphaël, Michel-Ange, Degas, Ingres, Francis Bacon...) avaient utilisé leur connaissance en anatomie artistique pour réaliser leurs oeuvres...



J'ai réalisé cette étude en m'inspirant d'une photo du livre

Elle a été réalisée à la sanguine et au sépia.
A cette époque, j'avais encore une très mauvaise connaissance des différents muscles du dos...

Le modèle est beaucoup trop musclé....
Ça m'a éloigné de l'objectif de départ qui est de dessiner des corps de danseurs à la musculature harmonieuse....


Au fil de mon travail sur le corps et l'anatomie, je me suis rendu compte d'ailleurs que les modèles disponibles sont souvent des hommes ou des femmes qui pratiquent la musculation.


Bien sûr ces modèles ont un taux de graisse souvent inférieur à 10% et les muscles sont très visibles, mais les muscles sont souvent aussi hypertrophiés et ne correspondent plus à l'anatomie naturelle du corps humain et surtout à celui d'un danseur...

Parallèlement à l'étude du livre d'anatomie artistique, je découvre le travail de Robert Liberace sur le dessin classique et l'anatomie artistique.



Robert anime des stages de dessins et de peinture classique à travers les Etats Unis, et vend en ligne des DVD qui dispensent son enseignement...

J'aime son approche, et la façon dont il va se focaliser sur une partie du corps humain et dessiner pour cette partie ce qu'il y a sous la peau en détaillant os, muscles, aponévroses, tendons, brefs, tout ce qui donne la forme du corps humain.

Ici, j'ai reproduit un de ses dessins qui étudie l'épaule...

Je commence à me familiariser avec l'épaule : les os, omoplate, clavicule, et les muscles.... trapèze, petit rond, grand rond, infra-épineux, deltoïde, dorsal



Je reprends mon livre d'anatomie artistique et me focalise sur la photo d'un modèle aux muscles très visibles et qui tire sur une corde avec les deux bras.

J'essaie de faire un travail similaire à celui de Liberace en "dépeçant" la partie qui m'intéresse.

Cette photo va me permettre de bien comprendre comment s'enchevêtrent le triceps, le grand rond, le petit rond, l'infra spinal et le deltoïde.

Je n'ai pas réussi à rendre quelque chose qui ressemble au travail de Liberace...

J'ai utilisé une pierre noire et une sanguine.

Le résultat est surprenant... Ça me rappelle Topor...
Je reste quand même sur ma faim... J'aimerais comprendre comment Liberace arrive à ce rendu....



Je reprends une autre photo de mon livre d'anatomie artistique.

Ce magnifique dos d'homme noir... Magnifique posture...

Malheureusement, encore un adepte de la musculation....
Aujourd'hui encore, j'ai du mal à comprendre à quoi correspondent les deux bosses au niveau de l'omoplate.
Infra-épineux, petit rond ? Les deux ?

Ce dessin va me prendre trois grosses journées... Le finir en aurait pris trois autres...

Le travail de précision aux sanguines est épuisant, surtout à cause du temps considérable passé à tailler les crayons et à les aiguiser sur le papier de verre.



Je décide d'arrêter et de me pencher sur la technique de Liberace qui arrive à un rendu presque similaire avec des crayons de couleurs. Les crayons de couleurs peuvent se tailler en quelques secondes et le temps de travail économisé est considérable.

Mais, comment fait il ?

En regardant ses vidéos je comprends qu'il mélange ses crayons de couleurs avec un crayon pastel blanc. Il dessine légèrement au crayon, estompe au pastel blanc, puis repasse du crayon dessus.
Il estompe le tout avec une large brosse à poils très fins, très souples et très doux...



Je vais m'initier à sa technique en recopiant un de ses dessins mais trop peu satisfaisant à mon goût pour oser le mettre en ligne.

Par contre je vais utiliser cette technique pour ce dessin réalisé d'après modèle vivant..,
et dont je suis assez content.



A peu près à la même période, je fais ce grand dessin d'après celui que Liberace fait dans son DVD vendu en ligne.

Dans ce dessin de 50 centimètres de haut, plus besoin de trop tailler les crayons, l'épaisseur du trait est compensée par la taille du dessin

A la même époque je fais aussi cet autoportrait où je suis en train de danser le guaguanco...
Voici toute la succession de l'esquisse préliminaire au dessin final avec une prise de vue intermédiaire...


Ma connaissance du corps humain commence à s'améliorer et je commence à pouvoir produire des esquisses tirées de copies d'écran de vidéos comme celle-ci de Maykel Fonts en train de danser Ogun.

Je suis maintenant capable de compenser le flou de la copie d'écran et d'extrapoler la forme des muscles...


Mise à jour du 4 octobre 2014

Après un séjour à Florence où j'ai pu voir beaucoup de dessins de la renaissance, je comprends mieux la technique de Robert Liberace :

J'ai été surpris de constater que tous les dessins de la renaissance vus à Florence lors de ce séjour avaient été faits au crayon de couleur (un seul crayon) en général rouge. Je ne savais pas que le crayon de couleur existait à la renaissance. Je me suis renseigné et ai même pu lire que les artistes fabriquaient eux-mêmes leurs crayons. Dans leurs esquisses, il est fort possible que les artistes utilisaient un mélange de sanguine et de crayon de couleur, d'ailleurs le mot italien "matita" a longtemps désigné les deux indifféremment désignant surtout la couleur du crayon.
Ce n'est qu'en mélangeant crayon de couleur et sanguine que j'ai commencé à me rapprocher du rendu des dessins de la renaissance, comme dans ce travail en cours de la copie de la sibylle de Libye de Michel-Ange.




A suivre...