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Confluences, concordances, congruences

Thursday, December 12, 2013

Humeurs
Il y a des moments dans la vie où les pièces du puzzle semblent s'assembler. Des moments où l'on rassemble dans sa pensée plusieurs éléments issus de sources différentes et où l'on se dit à la québécoise :"ça fait du sens !". J'adore cet anglicisme dans la mesure où la compréhension est perçue en tant que processus : celui de la prise de conscience.

Je viens de finir le livre de David Servan-Schreiber sur la part active que le patient atteint du cancer peut avoir dans le combat contre la maladie. L'auto-guérison du cancer (en renforcement des traitements habituels bien sûr) s'appuierait sur l'alimentation, la spiritualité, et l’exercice physique.
Je suis encore sous le choc de la lecture du livre. J'avais lu son premier livre sur l'autoguérison de la dépression. J'avais beaucoup aimé ce livre, j'avais acquis beaucoup de sympathie pour l'auteur.
Là, je viens d'apprendre qu'il est décédé, à 50 ans, et qu'il se battait depuis l'âge de trente ans contre une forme de cancer du cerveau ! ça fait froid dans le dos.
Dans le livre de David Servan Schreiber, j'ai appris des tas de choses merveilleuses. Entre autre que le curry renforcerait notablement le système immunitaire.
C'est fascinant. Les indiens, confrontés aux problèmes de l'hygiène alimentaire comme l'ont été tous les pays chauds avant l'invention du réfrigérateur mettent au point un assemblage d'épices qui en renforçant le système immunitaire améliore la digestion des aliments qui ont plus de risques qu'ailleurs d'être avariés.
Ce qui est fascinant, c'est que l'invention du curry a dû prendre des siècles par tâtonnement et observations. Parce qu'il fallait le trouver. Pour que ça marche vraiment, il faut mélanger du curcuma avec du poivre noir dans de l'huile ! Et là, miracle, le curcuma libère sa curcumine et booste le système immunitaire.
Ce qui est tout autant fascinant c'est de vivre à une époque où la science parvient à démontrer la pertinence de découvertes mises au point par les traditions millénaires.

Autre exemple de ce phénomène tiré du livre, la prière catholique, comme le rosaire, aurait les mêmes vertus que le Hatha Yoga. Pourquoi ? Parce que ces deux pratiques synchronisent la respiration sur une fréquence de 6 inspirations par minute et que cette fréquence a une influence sur la chimie du cerveau qui elle-même a une conséquence sur le système hormonal, et qu'au bout du compte tout ceci a des vertus anti-inflammatoires.

Incroyable non ? En bref, quelques Ave Maria, ou Surya Namaskara ont les mêmes vertus que l'ingestion de comprimés d'ibuprofène. Avec preuves scientifiques à l'appui.

Qu'est ce que je retire de tout ça ?

Un homme, condamné par la maladie dès trente ans, va consacrer une grande partie du peu de temps qu'il lui reste à vivre à chercher et à communiquer les dernières découvertes sur ce qui peut augmenter l'espérance de vie de ceux qui sont touchés par cette maladie du siècle.
C'est un immense message positif dont nous a fait don David avant de partir. Il s'est battu et a pris soin de transmettre.
Le message est positif à plusieurs titres. D'abord, par l'exemple donné par une personne plusieurs fois condamnée et qui continue malgré tout d’œuvrer pour le bien de la communauté. David a continué de travailler dans son laboratoire de recherche sur la physiologie du cerveau, tout en rassemblant en parallèle, les dernières découvertes sur l'auto-guérison du cancer. Il a rencontré de nombreux acteurs travaillant sur le sujet, a confronté les idées des uns et des autres et a fait un formidable travail de synthèse dans cet ouvrage qu'il lègue à nos sociétés en souffrance juste avant de partir.
Sa foi en la vie était telle qu'il a fait un enfant.
L'autre message positif du livre, ce sont les parcours de ces personnes en rémission qui ont complètement changé de mode de vie suite à la maladie et pour qui cette maladie a été une révélation : ce changement de mode de vie leur a apporté un bien être qu'elles n'avaient jamais connu auparavant.
Message d'autant plus positif que ces personnes ont considérablement augmenté leurs chances de survie faisant dans leur cas mentir les statistiques. David a fait partie de ces personnes. Merci pour ces exemples et le message d'espoir qu'ils nous donnent.

Juste avant le livre de David, j'ai lu le deuxième livre de Carl Honoré sur la lenteur (La lenteur mode d'emploi). Je m'étendrai moins sur ce livre, bien qu'il ait été aussi une sorte de révélation pour moi.

Je ne peux aujourd'hui éviter de faire un parallèle entre les deux livres.
Dans le livre de David, il est clair que le cancer est une maladie des pays occidentaux, et que les solutions durables pour prévenir cette maladie ou allonger son espérance de vie quand on en est atteint se trouvent dans des cultures traditionnelles (qu'elles soient occidentales ou non). Ce qui est néfaste n'est pas l'occident en soi mais la façon dont l'occident vit sa modernité.

Il y a un peu le même discours chez Honoré. L'occident moderne a trop tendance à répondre à toute problématique par des solutions expéditives. Au lieu de se pencher sur la racine du mal, on applique des pansements sur les symptômes qui bien sûr réapparaissent continuellement. Tant que le fond du problème n'est pas réglé...
Carl Honoré nous incite à prendre un second souffle. Son livre aussi est porteur d'un formidable message d'espoir. On y lit les histoires de la mise en oeuvre de solutions lentes ici en Finlande pour trouver une solution à la crise financière ou en Norvège pour améliorer la réinsertion des criminels, ou là-bas à Bogotta pour résoudre les problèmes d'insécurité et de circulation.

Le livre est parsemé d'exemple où des groupes humains ont su trouver des solutions à des problématiques qui semblaient n'en avoir jamais. Encore un grand coup porté à ce concept de fatalité qui nous hante tous un jour ou l'autre.
Il y a tout un chapitre sur la résolution de problèmes facilitée par Internet qui permet aujourd'hui de s'appuyer sur l'intelligence collectives des communautés élargies. ça fait toujours du bien de constater que si la modernité apporte de nouveaux problèmes, elle apporte aussi de nouveaux outils permettant de les résoudre.

Prenons la mondialisation par exemple.

Bien sûr, ses mauvais côtés, ce sont les délocalisations, la volatilité des capitaux, la pollution, en particulier celle des pays émergeants (qui produisent pour ceux qui polluent moins).

Mais la mondialisation c'est aussi la possibilité de cotoyer des traditions millénaires qui mettent à notre disposition des méthodes de résolution de problèmes que nous ne connaissions pas ou que nous avions oubliées. C'est dans ce sens où je vois une concordance entre les deux livres.
Surtout dans ce passage du livre de David Servan Schreiber où il compare la médecine occidentale à la médecine traditionnelle tibétaine :

[...
 "Ce fut d’abord mon voyage en Inde avec Médecins sans frontières, auprès des enfants tibétains de Daramsala. Dans cette ville de l’Himalaya ouverte sur le monde moderne grâce à la présence du dalaï-lama, coexistent deux systèmes de santé. L’un, occidental, offre les soins auxquels nous sommes habitués : radiographies, chirurgie, antibiotiques, anti-inflammatoires, antidépresseurs, antalgiques, etc.
L’autre, fondé sur la médecine traditionnelle tibétaine, se fie uniquement à l’examen des pouls, de la langue et des urines pour établir un diagnostic, puis soigne par la méditation, l’acupuncture, la nutrition, ainsi que des décoctions d’herbes médicinales dont aucune n’est reconnue par notre pharmacopée occidentale. Les deux systèmes vivent en harmonie, chacun ayant ses praticiens, ses pharmacies et ses facultés. Formé à une médecine établie, sûre d’elle-même, scientifique, docteur en sciences, j’étais perplexe :
comment un résident de Daramsala choisissait-il de se soigner ? Vers quel système se tourner ?

Je commençai à poser cette question à tous ceux que je rencontrais, autant dans les bureaux ministériels que dans les réunions médicales ou au détour des chemins. La réponse était unanime et désarmante de simplicité :
« Si vous avez un problème aigu – par exemple, une fracture, une pneumonie ou une crise d’appendicite –, la médecine occidentale est bien plus efficace et, surtout, très rapide. Mais si vous souffrez d’un problème chronique – asthme, arthrite ou maladie du cœur –, là, la médecine occidentale ne peut pas grand-chose pour vous, car elle soigne les crises mais pas le problème de fond. Pour cela, il faut se faire soigner par la médecine traditionnelle.
C’est beaucoup plus lent mais il y a moins d’effets secondaires et ça marche très bien aussi. »

Ce fut là ma première rencontre avec un système de santé complètement différent du nôtre, pourtant généralisé à toute une population et dont l’efficacité semblait évidente à des gens que je respectais pour leur expérience et leur sagesse." ..]


ça fait du bien quand on constate que quelque chose de positif ressort de ce télescopage assourdissant où s'entrechoquent les pays, les nations et les cultures.
Oui, vraiment, ça fait du bien quand on parvient à discerner dans ce grand brouhaha qu'est le monde actuel, des lueurs positives prouvant que malgré tout certains continuent à avancer dans le bons sens.
Discerner de la congruence, dans tout ça aujourd'hui, vraiment, "ça fait du sens !"

Congruence : nom féminin (latin congruentia, Conformité, adéquation, concordance)
En littérature, fait de coïncider, de s’ajuster parfaitement.
En psychothérapie, congruence est le terme employé par Carl Rogers pour indiquer une correspondance exacte entre l'expérience et la prise de conscience.
En géographie, la congruence est "l'adaptation réciproque".
Source : Wikipédia (intelligence collective)