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Michel-Ange, étude pour la sibylle libyque

Saturday, May 28, 2016

Voilà 6 ans que je travaille sur ce dessin de Michel-Ange. J'en fait des copies régulièrement. ça me permet de mesurer ma progression en technique ancienne, en anatomie artistique et à chaque nouvelle copie de découvrir de nouvelles facettes de ce dessin et de la façon dont dessinait Michel-Ange.


Pour cette copie, j'ai travaillé au crayon de couleur (Faber-Castell Polychromos 9201-283 burnt siena). Je viens de faire ces dernières semaines une douzaine de dessins aux craies (sanguine, sépia, sanguine Médicis) et j'avais envie de revenir au bon vieux crayon de couleur.
L'avantage du crayon de couleur (contrairement aux craies qui ne supportent pas le taille-crayon) est qu'on peut le pratiquer partout, et je dessine souvent au crayon de couleur dans les trains, les RER, sur les quais en les attendant. Une bonne partie de ce dessin a été dessiné dans le RER et le métro. (le métro c'est sportif, ça bouge plus que le train et la place est souvent exiguë...)

Mais surtout, comme je l'écris souvent dans mes articles, je m'interroge toujours sur ce qu'a utilisé Michel-Ange comme crayon pour faire ce dessin ou d'autres réalisés à la même époque (1510-1511, dessins de personnages pour la voûte de la chapelle Sixtine).
Était-ce vraiment une craie, une sanguine, comme l'affirme le musée des beaux arts de New York, propriétaire du dessin, ou un "vulgaire" crayon de couleur. Nous reviendrons plus tard sur cette connotation dévalorisante du crayon de couleur et sur le fait que Michel-Ange a BEAUCOUP dessiné au crayon de couleur.

Si je synthétise ce que je connais du sujet, voilà ce qu'il en ressort :



De la pointe de métal à la craie

Avant 1490, les artistes italiens de la renaissances dessinent à la pointe de métal ou à la plume. Le dessin est souvent rehaussé à la peinture à l'eau (lavis, gouache) comme pour cette étude pour l'ange de la vierge aux rochers de Léonard de Vinci (1483).


Pour dessiner à la pointe de métal ou à la plume vous devez, pour rendre les différente valeurs d'un dessin (du gris le plus clair au noir le plus dense), utiliser un système de lignes parallèles ou de hachures. Les rehauts à la peinture à l'eau (encre, gouache, etc.) vont vous permettre de fondre les formes pour adoucir le dessin, le rendre plus réaliste.

On voit déjà chez le Léonard de Vinci de 1483, dans ce dessin, cette recherche de réalisme et cette volonté de maîtriser fondus et dégradés. En voyant ce dessin à la pointe d'argent, on comprend pourquoi, Léonard de Vinci, découvrant la sanguine 10 ans plus tard, allait faire de cette craie rouge (qui offre de bien meilleures possibilités de dégradé et de fondu) son média fétiche pour le dessin.


La pierre noire a été utilisée à la fin du 15ème siècle mais d'abord comme préparation d'un dessin finalisé ensuite à la plume. Il faudra attendre le 16ème siècle pour que ce crayon soit utilisé pour le dessin final. On pense par exemple à ce dessin de Michel-Ange pour la bataille de Cascina (1504). (cf. Sophie Larochelle)

L'avantage de la pierre noire est sa possibilité d'obtenir des rendus, des modelés très réalistes sans avoir besoin comme pour la pointe de métal ou la plume, de recourir ensuite à la gouache ou au lavis. L'usage du seul crayon offre beaucoup plus de possibilités. Le dessin à la pierre noire est cependant beaucoup plus fragile qu'un dessin à la pointe de métal ou à la plume rehaussé de peinture à l'eau.

Si vous ouvrez cette image en grand format (clic-droit --> ouvrir le lien dans un nouvel onglet), vous constaterez que Michel-Ange, bien que dessinant à la craie, continue à utiliser beaucoup de lignes et de hachures. Michel-Ange, contrairement à Léonard de Vinci, n'utilise pas tout le potentiel de dégradés offert par la craie. Il estompe peu, à certains endroits seulement.


Autour de 1490, la sanguine fait son apparition. Elle a du mal à se faire adopter dans les ateliers. Seul Léonard de Vinci en fait tout de suite son média fétiche. La première sanguine italienne authentifiée est une étude de la cène par Léonard de Vinci datée de 1492 (où l'on perçoit les difficultés de Léonard à maîtriser ce crayon). (cf. Sophie Larochelle)


Léonard de Vinci a compris les vertus de la sanguine pour le dégradé, le fondu, et va produire ensuite des dessins prodigieux, très réalistes, comme cette étude pour la bataille d'Anghiari.
On peut dire que Léonard, ce grand visionnaire, avait pressenti la photographie dans sa façon de dessiner.

Le dessin de Michel-Ange pour la bataille de Cascina est contemporain de celui-ci puisque Michel-Ange et Léonard de Vinci devaient chacun peindre une fresque de bataille (Anghiari pour Léonard, Cascina pour Michel-Ange) sur un des murs de la salle des cinq cents du Palazzo Vecchio à Florence. Une grande rivalité opposait les deux artistes animés d'une réelle animosité l'un envers l'autre. A chaque rencontre, ils s'invectivent. Léonard dit des nus de Michel-Ange, qu'ils ressemblent à des sacs de noix.


Notez qu'en 1504, les deux artistes dessinent à la craie (pierre noire pour Michel-Ange, sanguine pour Léonard de Vinci). Notez aussi que Léonard pousse les possibilités de fondu, de dégradé de la craie rouge à son paroxysme, tandis que Michel-Ange continue d'utiliser une système de lignes et de hachures et peu d'estompe en travaillant à la pierre noire, comme s'il utilisait une pointe de métal ou une plume.



Et... le crayon de couleur

Nous venons de voir que la plume et la pointe de métal sont aux antipodes des craies comme la pierre noire et la sanguine.

Les premiers permettent de faire des traits extrêmement fins mais rendent le dégradé impossible. Il faut simuler le dégradé par des séries de lignes (lignes parallèles ou hachures). Ou rehausser le dessin par des dégradés faits à la peinture à l'eau.

Les craies, quant à elles, permettent une grande variétés de nuances et donc, de faire des modelés très réalistes car elles sont très tendres et s'estompent et se gomment très facilement.
Cette tendresse du matériau est aussi un défaut cependant. On ne peut, par exemple, pas les tailler au taille crayon, il faut les aiguiser, d'abord au moyen d'un couteau ou d'un cutter puis sur du papier de verre (qui peut être collé sur un planchette de bois, on parle alors d’affûteur ou d’affûtoir). Ce processus est parfois assez long surtout si la mine vient à casser ce qui est assez fréquent.
La tendresse des craies a aussi un autre inconvénient : elles s'émoussent très vite. Il est donc très difficile de faire des traits très fins à la craie sans avoir à les aiguiser toutes les cinq minutes, et donc, il est très difficile de faire des hachures régulières à la craie car le trait s’épaissit très vite au fur et à mesure qu'on hachure une zone.
Enfin, contrairement au crayon de couleur, qui mélange de la poudre de pigment très fine à de la cire et de la colle, la craie de couleur (sanguine, sépia) reste une pierre brute et donc de densité variable . Quand vous dessinez à la craie de couleur, le trait est souvent irrégulier car la mine en s'usant met à jour de petites imperfections de la pierre de densité plus dure. Parfois, la mine griffe le papier et aucun trait ne sort.
Ceci ne vaut pas pour la pierre noire qui ne présente pas les mêmes imperfections que les craies de couleur, et offre, de ce fait, une très grande régularité de trait.

Et le crayon de couleur ?

Le crayon de couleur est à mi-chemin entre la pointe de métal et la craie.
Moins tendre que la craie, il s'émousse moins vite et permet de faire des traits très fins et des hachures régulières. Il se taille rapidement au taille crayon et l'artiste économise un temps fou. Il s'estompe quand même (moins facilement qu'une craie) et permet de faire de jolis modelés.
Les mines sont plus solides et cassent moins facilement.
Enfin, contrairement aux craies de couleur, le pigment est finement mélangé au liant et son trait est très régulier. Quand vous voyez des hachures ou des lignes parallèles de couleur rouge ou ocre, très fines et très régulières sur un dessin ancien, vous pouvez être pratiquement sûr qu'elles ont été tracées au crayon de couleur.

Mais alors, quel est son défaut ? Qu'est ce la craie a de plus ?

Ce qui rend le crayon de couleur plus dur, moins tendre, moins fragile que la craie, c'est qu'il est fait à la fois de minéral (comme la craie) et d'un mélange de cire et de colle. C'est ce mélange qui lui donne sa relative dureté et permet qu'il puisse être taillé au taille crayon, qu'il se casse moins facilement, qu'il s'émousse moins vite et permette de faire des traits très fins plus longtemps qu'avec une craie.
Mais ce côté cireux est aussi un défaut. Si vous mettez trop de crayon sur le papier pour dessiner une zone très sombre, la zone va être trop chargée de cire, la cire du crayon va se mettre à briller et sous certains éclairages le dessin va perdre de son attrait : les zones sombres vont se mettre à refléter la lumière et rendre l'effet inverses de ce à quoi elles étaient destinées à l'origine.
Par contre, la craie n'a pas ce défaut. Avec la craie, les zones chargées de pigment restent mattes et permettent de rendre à la perfection les valeurs sombres dans un dessin.

Conclusion : si vous voulez un dessin très contrasté optez pour la craie.

Voici deux copies que j'ai réalisées d'un dessin d'Andrea del Sarto (l'original est une sanguine) à la fondation Custodia en mai 2015 :


Celui de gauche est fait à la sanguine, celui de droite au crayon de couleur.
Vous voyez que celui de gauche est plus "punchy". Les zones chargées en craies sont vraiment sombres, le dessin est plus contrasté, le relief y est mieux suggéré. Les lignes de contours et de forces du dessin sont plus visibles, plus identifiables car la craie capte mieux la lumière. L'aspect général du dessin est plus structuré.
Le dessin au crayon de couleur est beaucoup moins contrasté, beaucoup plus doux, plus flou. Et encore, j'ai triché avec des outils numériques pour augmenter le contraste. L'original est bien plus diaphane.



Les historiens de l'art dans la panade

La plupart des historiens de l'art ne savent pas dessiner ou peindre. La plupart n'ont même jamais essayé. Je trouve cela gênant.
J'aime le discours des historiens de l'art quand ils parlent "d'histoire" de l'art, l'histoire des courants artistiques, ce qui les a fait naître, le rapport de l'artiste au mécène ou au commanditaire, la condition de l'artiste relativement à l'époque où l'artiste a vécu.
J'ai beaucoup de mal avec les historiens de l'art quand ils se mettent à parler technique artistique et qu'ils essaient de vous expliquer comment une oeuvre a été faite.

C'est justement le cas pour la différence entre le crayon de couleur et la sanguine.

Si vous lisez les livres et les blogs d'historiens de l'art vous aurez du mal, à part quelques rares et heureuses exceptions comme le site d'Alexandra Zvereva, à entendre parler de crayon de couleur à la renaissance. L'auteur de l'article de wikipédia sur le crayon de couleur a le culot de prétende qu'ils sont apparus au 20ème siècle.
Le crayon de couleur existe bien depuis la renaissance et les artistes, comme Michel-Ange, Raphaël ou Del Sarto manient tantôt le crayon de couleur tantôt la sanguine, mais la plupart des historiens de l'art (surtout les anciennes générations) ont étiqueté sous le terme "sanguine" tout dessin fait au crayon rouge.

Je peux par exemple citer ce livre "Michel Ange Dessinateur" ou l'auteur, Michael Hirst, explique longuement comment Michel-Ange a dessiné cette étude de la tête de Léda à la sanguine. Le seul problème Monsieur Hirst, c'est que Michel-Ange a dessiné au crayon de couleur.

Non seulement, c'est écrit sur le site de la Casa Buonarroti, mais j'ai vu ce dessin à Florence en 2015 dans ce musée avec beaucoup d'autres qui ont tous été faits au crayon de couleur rouge ou noir. C'est un fait certain, Michel-Ange dessinait beaucoup au crayon de couleur.
Si Monsieur Hirst avait fait un peu de crayon de couleur ou de sanguine, il aurait tout de suite compris même en voyant une reproduction du dessin qu'il est impossible de marquer le papier aussi fort et avec des trait aussi fins en utilisant une craie. Les cils de cet oeil ont forcément été faits au crayon de couleur.
ça se voit aussi sur les traits des ailes du nez. Le côté cireux du trait de crayon de couleur est très reconnaissable.

Le malentendu vient du mot italien. Le mot italien pour crayon, "matita" tire son étymologie de l'hématite, ce minéral rouge qui était utilisé pour sa fabrication. "Matita" désignait à l'origine, plus la couleur du crayon qui était généralement rouge plutôt que le type de crayon, sanguine ou crayon de couleur. La sanguine et le crayon de couleur étaient donc désignés, tous les deux et sans distinction par le mot "Matita". (merci à Sophie Larochelle pour ses recherches)

Et malheureusement, ce malentendu subsiste toujours. Dans certaines expositions, les commissaires continuent à traduire matita rosa et matita nera par red chalk et black chalk sans se demander si c'est du crayon de couleur ou de la craie.

Il se trouve donc, que, maintenant, dès que je vois un dessin de Michel-Ange affublé du mot sanguine, le plus grand doute m'envahit.




Dessin de Michel-Ange pour la Sibylle de Libye

C'est pourquoi, j'ai essayé de reproduire la "sanguine" de Michel-Ange actuellement en possession du musée des beaux arts de New York, avec un crayon de couleur.

J'en suis arrivé à l'hypothèse suivante : Michel-Ange a utilisée du crayon de couleur dans ce dessin. Il y a certainement de la sanguine aussi, au moins pour les rehauts faits sur les zones sombres.
Pour la plupart des zones, le doute subsiste, je ne sais pas très bien avec quel type de crayon Michel-Ange a travaillé. Mais le travail de copie que j'ai effectué au crayon de couleur m'a convaincu, et me pousse à penser que les modelés du dessin de Michel-Ange on été fait au moyen d'un crayon de couleur. Vous noterez la régularité du trait des lignes parallèles et des hachures très difficile à obtenir avec une sanguine.





Technique de dessin de Michel-Ange en 1510

Nous avons vu précédemment que le défaut du crayon de couleur est sa limite à rendre des zones très sombres, défaut que n'a pas la craie. Je pense donc que Michel-Ange mélangeait la craie et le crayon dans ses dessins.
Comme la craie ne prend plus sur une zone déjà dessinée au crayon (la cire du crayon rend le papier imperméable à la craie), il faut commencer le dessin à la craie. C'était d'ailleurs le premier rôle de la craie à la renaissance : faire une esquisse légère et enlevée afin de préparer le dessin finalisé ensuite à la plume. Finalement Michel-Ange semble avoir remplacé la plume par le crayon de couleur.
Il y a fort à parier que Michel-Ange commençait son esquisse à la sanguine, puis, quand les parties significatives du dessin étaient placées, il finalisait le modelé du dessin au crayon de couleur au moyen de séries de lignes et de hachures, restant pour cela, dans la tradition de la gravure, de la pointe de métal et de la plume. Les zones sombres quant à elles recevaient peu de crayon de couleur. Elles étaient laissées en réserve pour être rehaussées à la sanguine. Il est possible aussi que Michel-Ange dessinait les zones sombres en premier, avant de passer au modelé en utilisant un crayon de couleur.



On trouve donc dans les dessins de Michel-Ange des années 1510 un savant mélange de craies et crayons de couleur. Plus le dessin comporte de zones sombres, plus il y a, chez l'artiste, une volonté de contraste fort, plus il y a de craie, comme dans ce dessin pour la création d'Adam ou celui de la crucifixion d'Haman.



Plus il y a une volonté d'un modelé doux et précis, plus il y a de crayon de couleur comme dans ce dessin préparatoire pour un des Ignudi.



Quelques jours après avoir rédigé le premier jet de cet article, j'ai refait une copie de la Sibylle de Michel-Ange en mélangeant sépia et crayon de couleur. Au départ, Le résultat est un peu trop contrasté par rapport au dessin du maître, surtout parce que le dessin est fait sur du papier blanc. je trouve néanmoins le résultat intéressant. cependant, ça ressemble plus à du François Boucher qu'à du Michel-Ange.


En reprenant le dessin, en l'estompant, puis, en jouant sur les teintes avec des outils numériques j'arrive enfin à un résultat dont l'esprit est assez proche du dessin original.





Ce dernier exercice finit de me convaincre. Je pense sincèrement que Michel-Ange utilisait des crayons de couleur et des craies sombres pour dessiner ses études pour les personnages de la chapelle Sixtine. Jamais je ne serais parvenu à ce résultat en utilisant seulement des craies ou seulement des crayons de couleurs.



Le pourquoi de la technique

Pourquoi Léonard de Vinci dessinait-il exclusivement à la sanguine ? Pourquoi Michel-Ange a-t-il mêlé sanguine et crayon de couleur en 1510, puis est passé au crayon de couleur ensuite ?

Léonard de Vinci cherchait à obtenir ce qu'on peut appeler aujourd'hui un rendu photographique en peinture pour impressionner ses mécènes et le public. Léonard de Vinci cherchait la virtuosité. Il avait beaucoup de temps. Il avait, comme le dit si bien Patrick Boucheron, "organisé son propre désintéressement", c'est à dire qu'il n'avait pas besoin de peindre pour gagner de l'argent. Il pourra ainsi passer 6 ans à peindre la Joconde sur une période de 10 ans !
Il est donc normal que Léonard de Vinci dans son dessin explore la capacité de la sanguine à produire des oeuvres très réalistes puisque c'est ce qu'il cherche aussi dans sa peinture.
Au 16ème siècle, le dessin commence à avoir une valeur artistique. Il reste bien entendu un moyen de préparer une peinture, une fresque ou une sculpture, mais les cartons préparatoires des fresques sont souvent exposés comme ce fut le cas à Florence autour de 1505 pour les cartons de la bataille de Cascina et celle d'Anghiari respectivement dessinés par Michel-Ange et Léonard de Vinci.
On comprend pourquoi Michel-Ange dans ses études pour la bataille de Cascina, prend un soin particulier à dessiner à la craie noire rehaussée de blanc.
En 1508, commence le chantier de la voûte de la chapelle Sixtine pour Michel-Ange qui a plus de 1000 m2 de plafond à peindre. Il lui faut dessiner et peindre vite. Le crayon de couleur permet de dessiner beaucoup plus vite que la craie. La craie permet de meilleurs contrastes. La peinture de Michel-Ange est très contrastée, surtout celle de la voûte de la chapelle Sixtine afin que les scènes et les personnages soient bien visibles. Michel-Ange va tirer le meilleur parti des deux techniques : esquisse à la craie avec dessin des zones sombres puis finalisation du modelé au crayon de couleur. Il obtient ainsi un dessin très contrasté et rapidement exécuté.

Ces études et ces cartons sont exécutés dans le plus grand secret ainsi que la peinture de la voûte. Pas d'exposition au grand public des dessins préparatoires comme ce fut le cas pour la bataille de Cascina. Raphaël (Raffaello Sanzio) devra utiliser la complicité de Bramante pour aller voir à l'insu de Michel-Ange, le travail, en cours d’exécution, de ce dernier. Le dessin de Michel-Ange n'a donc pour but, à ce moment là, que son efficacité : produire les cartons devant servir à peindre les fresques.

Plus tard, pour ses études visant à produire des sculptures, Michel-Ange n'a plus besoin de la craie, le crayon de couleur lui suffit et lui permet d'exécuter très rapidement des dessins comme c'est le cas, par exemple, pour la tête de Lèda.

Pour en revenir et conclure avec Raphaël, quelques années plus tard, en 1515, le jeune maître produit cette étude pour la conversion de Saint Paul qui est un des dessins de la collection Jean Bonna. Vous lirez partout que c'est une sanguine, y compris sur le catalogue de l'exposition "De Raphaël à Gauguin, trésor de la collection Jean Bonna" organisée à Lausanne en 2015, et pourtant, ouvrez l'image en grand, regardez la finesse des hachures, leur régularité, regardez les lignes de contour, l'aspect cireux du trait, eh oui, c'est du crayon de couleur !




Pour conclure

François Boucher - trois crayons

Francine Van Hove - Pierre noire et rehauts de blancs

Robert Liberace - Crayon de couleur rouge et craie blanche

Marc Charmois - Etude de nu féminin, crayon de couleur et craie sépia
Je déplore cette confusion entre le crayon de couleur et la craie dans la qualification des dessins anciens, ce manque de rigueur et de connaissance des techniques chez les personnes qui mettent en scène les dessins dans les musées et les expositions.

Il est à déplorer aussi, le fait que les craies soient perçues comme plus "nobles" que le crayon de couleur. C'est simple à comprendre :

La sanguine était le crayon fétiche de Léonard de Vinci. Ensuite, la sanguine a été mêlée à la pierre noire (deux crayons), en particulier par Watteau, puis ce fut l'époque des trois crayons (sanguine, pierre noire, craie blanche) rendus célèbres par François Boucher. Sans parler des pastels qui ont fait la gloire de Chardin et Fragonard et furent remis au goût du jour par Monet, Degas et Manet. Bref les craies furent, depuis Léonard de Vinci le parent noble des techniques sèches, et le crayon de couleur, le parent pauvre, délaissé et méprisé.

A tel point que Michel-Ange ou Raphaël, même quand ils dessinent au crayon de couleur, du point de vue des historiens de l'art, utilisent forcément une craie. Leur crayon de couleur rouge se transforme sous les yeux des historiens de l'art, et comme par magie, en sanguine !

Il faudra attendre un regain de rigueur et des exposition comme celle que je vis à Florence en 2014 ("Puro, semplice e naturale") pour voir "matita rosa" traduit correctement en "pencil". On peut citer aussi l'exposition de Karl Larsson au Petit Palais en 2014 qui fait partie des initiatives qui rendent leur noblesse aux crayons de colle et de cire.

Le problème avec les craies, la sanguine en particulier, c'est que, depuis Léonard de Vinci, les artistes l'utilisent un peu toujours de la même façon. Ils s'approchent d'un rendu photographique en jouant sur les dégradés que permet d'obtenir ce crayon.

Jusqu'à l'invention de la photographie, c'était épatant, éblouissant, bluffant pour le public. Maintenant que la photographie est née, c'est beaucoup moins drôle. Pour moi, la critique la plus dure à entendre sur un dessin est justement le fameux : " oh ! c'est tellement bien dessiné, on dirait une photo".
Ce qui rend le dessin intéressant, même s'il est très réaliste, c'est justement ce qui le distingue d'une photographie, c'est à dire le traitement.

De ce point de vue, l'utilisation de la ligne, des hachures dans le traitement d'un dessin sauve le dessin de cette comparaison avec la photographie.

Michel-Ange faisait ça à la perfection.

François Boucher reste assez proche de Michel-Ange dans l'utilisation de lignes et de hachures.

On peut aussi saluer cette façon de dessiner chez des artistes contemporains comme Francine Van Hove, bien que Madame Van Hove n'utilise que de la craie.

Reprendre la piste de Michel-Ange, qui mêle crayon de couleur et craies me semble une initiative qui ouvre des perspectives prometteuses. On peut citer Robert Liberace qui est, en la matière, un des pionniers de la redécouverte de cette technique mixte inventée par Michel-Ange dans les années 1510.




Voilà, ce que donne en version plus moderne le mélange de crayon de couleur et de craie sombre. J'ai utilisé trois crayons de couleur (Faber Castell Polychromos Venetian red, Indian red, Burnt siena) et une craie sépia (Koh I Noor - Dark Sepia).

Rome, piazza Navona, Bernini

Monday, May 16, 2016

Ceci est le dernier dessin d'une série réalisée d'après la fontaine des quatre fleuves visible sur la Piazza Navona à Rome.

Les sculptures de cette fontaine célébrissime sont l'oeuvre du Bernin (Bernini) que l'ont surnomma le second Michel-Ange.

Mais, revenons au point de départ...

Je suis parti à Rome avec pour but de voir la chapelle Sixtine et les fresques de Raphaël dans les appartements de Jules II. J'ai commencé à m'intéresser aux techniques anciennes de dessin et à la façon de dessiner de Michel-Ange en 2010, cela faisait donc 6 ans que je prévoyais de voir la Sixtine, mais je n'étais pas pressé pour autant, ce voyage à Rome est venu tout naturellement quand l'occasion s'en est présentée.

Avant mon départ pour Rome, j'avais commencé ce travail de remembrement des études de Michel-Ange pour la crucifixion d'Haman en un seul dessin. Pas seulement parce que je savais que je partais à Rome.

C'était aussi une façon de revenir au style du maître en évitant d'utiliser le crayon blanc comme je le faisais habituellement.

Pour ce dessin, j'ai enfin compris, que, pour les zones claires, Michel-Ange ne dessine pas, mais les laisse en réserve. Michel-Ange n'utilise le crayon blanc que pour les rehauts. Ce sont plutôt des points ou de très petites zones. Il n'y a pas encore de grandes zones dessinées au crayon blanc comme ce sera le cas pour Watteau (deux crayons) ou Boucher (trois crayons).

J'ai enfin compris aussi, qu'un des charmes du dessin de Michel-Ange, est le recours aux hachures utilisant des lignes parallèles. J'ai pris donc soin de dessiner toutes les zones sombres au sépia en m'évertuant à n'utiliser que des diagonales formant un angle de 45° avec les bords de la feuille.

Une des grandes satisfactions que m'a procuré ce dessin est de l'avoir commencé avant de partir à Rome, et de l'avoir fini à Rome après avoir vu la chapelle Sixtine.


Nous avons très bien été reçus à Rome. Nos hôtesses furent charmantes et attentionnées. L'appartement à la lisière de la partie animée du Trastevere, au delà de nos espérances. Il y avait là, un livre d'or où se succédaient les messages de remerciements de groupes d'amis, de couples et de familles dans toutes les langues. Aussi, je me mis dans l'idée d'y contribuer en y laissant un dessin à la craie.

Le dernier jour du séjour, donc, de bon matin, armé d'un sépia, je couvre une des pages du livre d'or de ce dessin de la statue du Gange par Bernini. On aperçoit, légèrement esquissée, celle du Danube à gauche.

Je travaille vite, l'avion décolle à 20 h 45 et il nous reste à voir la basilique Saint Pierre et, le Moïse de Michel-Ange, situé au centre de Rome dans la basilique Saint-Pierre-aux-Liens.

Cette obligation de travailler vite a donné au dessin un style léger et aéré qui m'a beaucoup plu. J'ai pris une mauvaise photo de l'oeuvre en souvenir et dans l'espoir de pouvoir l'ajouter à mes galeries.

Finalement, je suis content de cette mauvaise photo et de la façon dont j'ai pu la récupérer grâce aux outils numériques de retouche (Gimp2 et outils en ligne de Google).

Je m'aperçois que la copie des dessins de Michel-Ange pour la crucifixion d'Haman a porté ses fruits. De larges zones blanches sont laissées en réserve, les zones sombres, quant à elles, sont traitées au moyen de hachures parallèles...
Je redécouvre aussi le plaisir de travailler sur une simple feuille blanche avec un seul crayon. une grande satisfaction naît de cette économie de moyen : less is more !


De retour à Paris, je reprends ce sujet en le travaillant davantage. J'étais quand même resté sur ma faim.
Comme souvent en dessin, intervient un heureux accident. J'avais acheté, dans l'espoir de l'essayer un jour, une sanguine Conté Médicis. La peinture qui recouvre le crayon est presque de la même couleur que celle utilisée pour le sépia. Je me suis donc trompé. J'ai commencé le dessin à la sanguine Médicis en pensant utiliser un sépia.


J'ai bien aimé la sanguine Médicis. Moins rouge, plus sombre que la sanguine, donc plus facile à numériser (les rouges crus de la sanguine ont tendance à être trop saturés sur les images numériques mises en ligne).
Le seul reproche que je fais à cette sanguine est sa couleur un peu violacée. Peut être simplement, n'y suis-je pas habitué ? Je commence à m'y faire. Le côté vieillot, désuet, de la couleur, commence à exercer son charme quand je regarde ce dessin.

Finalement, ce voyage à Rome aura été un déclic. De retour de Rome, je ne dessine plus comme avant mon départ. J'ai décidé de faire une série de dessins autour de cette fontaine des quatre fleuves de la place Navona, sculptée par le Bernin. Le premier dessin de l'article est le dernier réalisé. D'autres suivront dans la volonté d'épuiser le sujet...

A la recherche de l'esprit du Quattrocento

Sunday, March 22, 2015

Dans l'article précédent (Le dessin et l'idée), j'ai essayé de comprendre et d'expliquer la fascination que les oeuvres de la renaissance italienne exercent sur les foules. La lecture de Martine Vasselin m'a permis de commencer à formaliser ce qui fait l'originalité et l'esprit de l'art italien de cette époque, en particulier, j'ai commencé à percevoir et à bien comprendre la différence entre l'art du Quattrocento et sa dérive en courant maniériste. Il y a, dans les oeuvres du Quattrocento, un charme qui va disparaître ensuite.
Je vais essayer de comprendre, de définir, ce qui fait ce charme, et surtout, comment produire des dessins où il est à nouveau présent.
D'après Michel-Ange, étude d'une tête idéale - sanguine
(Marc Charmois - 2015-03)

Ce charme, comme tout processus issu d'un quelconque ensorcellement a certainement un côté magique, mais je pars du principe qu'en art, il y a certes, un peu de magie, mais surtout, beaucoup de travail pour réussir à produire cette magie.
La magie, c'est souvent de bon vieux trucs joués à la perfections par des magiciens expérimentés qui les ont beaucoup travaillés. J'aime beaucoup, de ce point de vue, la définition du génie par Thomas Edison :
"deux pour cent d'inspiration et quatre-vingt-dix-huit pour cent de transpiration".

Ce blog participe de cette démarche, de ce travail. C'est une sorte de journal de bord dans lequel je note ce qui ponctue ma démarche artistique que ce soit les œuvres ou les réflexions liées à leur création. Ceci me permet d'historiser ce qui me motivait quand j'ai produit tel ou tel dessin, et de noter la démarche qui m'animait, les réflexion nées au fil de cette démarche et qui en même temps participaient à son évolution. Il y a un peu quelque chose de l'ordre d'une heuristique artistique...

Suite de l'article dans le nouveau blog...

Techniques de dessin de la renaissance italienne

Tuesday, October 7, 2014

Je reviens d'un voyage en Italie consacré à l'étude du dessin ancien. A Florence, j'aurais pu visiter plusieurs musées, mais j'ai choisi plutôt de visiter trois fois les Uffizi. J'aurais aimé voir les dessins de Léonard de Vinci dont les Uffizi possèdent plusieurs exemplaires, mais je sais que ce genre de dessins ne sont pratiquement jamais exposés.
J'ai été très déçu par les dessins exposés dans le cadre de la collection permanente aux Uffizi en septembre 2014 : une succession de planches botaniques assez vilaines : consternation !
Heureusement, aux mêmes dates, se tenait, au sein du musée, au premier étage, l'exposition "Puro, semplice e naturale" (pur, simple et naturel) qui rassemblait entre autre, une vingtaine de dessins de la renaissance, tous alignés soigneusement au même niveau, sur les quatre murs d'une même salle.
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D'abord, ce qui m'a surpris, c'est la différence de style des dessins exposés.
Ça va du style très enlevé, très moderne d'Andrea del Sarto (1), au style très académique d'Ottavio Vannini (3), en passant par le maniérisme de Pontormo (2), ou d'oeuvres très sages presque scolaires comme celle de Lorenzo Lippi (4).
Sans parler de cette étude de Jacopo da Empoli pour l'ivresse de Noé dont le traitement du visage et de la main est tellement moderne qu'on dirait du Cocteau ou du Loustal !
 
Lors de ma première visite, j'ai pris d'assez mauvaises photos avec mon téléphone portable et, à l'hôtel, je me suis mis à reproduire plusieurs oeuvres en utilisant mes sanguines. J'avais aussi photographié les explications attenantes aux oeuvres, et quelque chose m'intriguait. Pour toutes les oeuvres, le texte explicatif indiquait "pencil" et non "red chalk" c'est à dire, crayon et non pas sanguine.
A l'époque, je ne savais pas que le crayon de couleur existait à la renaissance, et surtout qu'il était utilisé, et ceci m'intriguait (j'en ai eu confirmation depuis grâce au blog d'Alexandra Zvereva). De plus je n'avais pas pris toutes les œuvres en photo donc je décidai de retourner une deuxième fois au musée en emportant mes reproductions pour les comparer aux originaux.
Quand je suis arrivé pour la deuxième fois dans la fameuse salle aux dessins de l'exposition, j'ai eu l'immense surprise en examinant les œuvres, de constater qu'elles étaient toutes, sans exception, dessinées au crayon de couleur. Il n'y avait pas une seule sanguine !
J'ai repris des photos avec un bon appareil cette fois-ci, et j'ai comparé mes reproductions faites à partir des mauvaises photos avec les originaux :


Puis j'ai retravaillé un autre dessin. Pour ce dessin, j'ai teinté le papier comme j'ai pu dans ma chambre d'hôtel, et j'ai travaillé comme pour l'original au crayon de couleur noir et à la craie blanche.
Puis, je suis retourné une dernière fois aux Uffizi et cette fois-ci, j'ai fait une séance de travail dans la salle des dessins pour finaliser ma copie.
Je me suis aperçu qu'avec la photo, on est souvent incapable de dire où l'artiste a réellement mis de la craie blanche, alors que devant le dessin, ça saute aux yeux. C'est ce qui rend la technique des dessins anciens si difficiles à comprendre et à reproduire sans être devant les oeuvres. Les musées et les salles d'exposition ont encore de beaux jours devant eux.



Voilà quelques constatations sur ce travail de copie :
  • Copier des dessins faits au crayon avec de la sanguine ou vice versa est un exercice intéressant car il permet de bien se rendre compte de la différence entre les deux média, et au besoin d'en explorer les limites.
  • Prendre des photos de dessins, en faire des copies dessinées, puis revenir voir les originaux est un excellent exercice car il permet d'apprendre à extrapoler ce qu'a vraiment fait un dessinateur à partir d'une photo de son dessin. Comme les dessins anciens et célèbres ne sont pratiquement jamais exposés, cette qualité de savoir extrapoler à partir de la photo est indispensable pour travailler les techniques anciennes.
  • Prendre des photos de dessins, en faire des copies dessinées est un excellent exercice car on se rend compte qu'à partir de la photo, on se met à voir des choses que le dessinateur n'a pas faites. Ces choses que l'on voit parce qu'on interprète le dessin mais qui n'existent pas en réalité nous révèlent notre identité artistique, l'unicité de notre regard d'artiste. C'est important de déraper et de se laisser déraper quand on recopie un dessin parce qu'ainsi notre style personnel se construit. C'était le sujet de cet autre article.


Lors de cette troisième visite de la salle des dessins de l'exposition "Puro, semplice et naturale", je me suis aperçu qu'un des dessins était une photocopie ! C'était quand même écrit sur la tablette explicative sur un petit autocollant. Tout ceci m'a servi de leçon : on ne regarde jamais assez bien les oeuvres..
Il m'aura fallu deux visites pour me rendre compte que les dessins n'étaient pas des sanguines mais des crayons et une troisième pour m'apercevoir qu'un des dessins était en fait une photocopie!

Finalement, ce séjour à Florence m'aura complètement décomplexé par rapport au crayon de couleur, et m'aura permis de mieux comprendre l'approche de Robert Liberace qui mélange crayon de couleur et craie blanche.

En conclusion :
  • Il n'y a pas à proprement parler de style de dessin à la renaissance. On trouve à peu près tous les styles. Il y a des choses qui sonnent vraiment très moderne. Il suffit de bien regarder les oeuvres pour s'en rendre compte. A vous d'observer et de trouver ce qui vous plaît, de forger votre goût, et de reproduire les oeuvres qui vous plaisent pour faire naître votre propre style.
    Pour faire naître votre propre style, n'essayez pas de reproduire fidèlement l'oeuvre, mais enlevez ce qui vous déplaît, ajoutez ce que vous aimeriez y avoir vu. Si vous faites quelque chose de différent dans le style et en utilisant une autre technique et que ça vous plaît au moins autant que l'original, alors tant mieux !
    Tous les maîtres ont d'abord copié leurs maîtres. C'était la coutume dans les ateliers à la renaissance de faire faire ce travail de copie aux enfants qui entraient dans l'atelier, c'était une partie de leur apprentissage.
  • Travaillez d'après photos sans complexe. Bien sûr, vous ne serez jamais sûr d'avoir fait quelque chose d'identique à l'original tant que vous ne serez pas devant l'original avec votre dessin. Mais qu'importe ! De toute façon, même face à l'original, vous auriez fait quelque chose de différent. J'irai même plus loin. Travaillez d'après photo même si vous pouvez aller voir l'original. Le flou artistique de la photo, l'interprétation que vous allez être obligé d'en faire va vous permettre de forger votre propre technique et votre propre style.
  • Mélangez sans complexe crayons de couleurs et craies, sanguine, pierre noire, et craie blanche, ou même contentez vous d'un simple crayon de couleur brun ou rouge.
    Grosso modo, sans être un expert, j'ai pu lire à droite à gauche que l'usage de la sanguine a eu du mal à se répandre parmi les artistes de la renaissance mais qu'elle a gagné petit à petit les ateliers grâce aux meilleures possibilités de dégradés, de fondus. Par contre, son défaut est la difficulté à faire des traits fins, nets et précis...
    Quand la mine de plomb est arrivée au milieu du 16 ème siècle, tout le monde l'a adoptée car elle avait la qualité, et de la sanguine (fondu, dégradé) et du crayon (finesse et précision des traits). Ne pas oublier non plus que le dessin à cette époque n'était pas une fin en soi, mais juste un moyen de faire des études avant de peindre...
    Dans cet article où j'essaie de comprendre comment obtenir le rendu qui caractérise les études de Michel-Ange pour les fresques de la chapelle Sixtine, je montre l'impact du matériel utilisé par Michel-Ange et Léonard de Vinci sur leur style respectif.


En rentrant de Florence, j'ai passé deux nuits à Turin pour ne pas avoir à faire le voyage d'une traite. Dans le sous sol de la bibliothèque royale se trouve un des codex de Léonard de Vinci. Une espèce de salle-coffre fort. Comme je m'y attendais, elle n'était pas ouverte au public. Elle le sera par exemple le 24 et 25 octobre 2014. J'irai peut être...

Dans le TGV partant de Turin et qui me ramenait sur Paris, j'ai pu à un moment m'asseoir en face de cette jolie jeune femme, Alicia, qui était montée à Bardonecchia.

Elle a bien voulu que je la dessine...

Je n'ai pas vu le voyage passer.

Pour cette esquisse, je ne me suis pas gêné, j'ai pris un bon vieux crayon de couleur rouge.

J'adopte définitivement le style del Sarto...